Jean-René Santoni, le « business partageur »

 

On rêve tous qu’un jour un business developer s’intéresse à nous et nous donne les moyens de réussir. Il serait habité par un désir de grandir ensemble. Il vivrait ça comme une formidable aventure humaine avant tout. Ca, c’est la raison de vivre de Jean-René. Ou plutôt : sa « raison de travailler ». Il est business developer, oui, mais avant tout « business partageur ».

Prendre des risques pour réussir

 « Bonjour, je suis Jean-René Santoni, j’habite à Ajaccio et je suis dirigeant dans l’immobilier. Je souhaite m’expatrier à Singapour. »
Une avalanche de stéréotypes déboule dans mon cerveau… En Corse, quand Jean-René annonce à son entourage qu’il va s’expatrier avec sa famille à Singapour, tout le monde le prend pour un fou. Singapour ? Alors qu’il n’a pas même vécu une « expatriation » en France continentale ? Jean-René est corse du plus profond de son âme, de son nom, de son histoire, de son amour, de ses tripes. Ce pays l’a construit et lui a donné la confiance pour quitter son poste d’employé à la Banque Postale et devenir dirigeant d’entreprise. A chaque fois, on a essayé de retenir son désir de prendre des risques, à chaque fois il a suivi son instinct. 

Tester sa légitimité en permanence

« J’ai été porté par mon environnement. Si je veux vivre un nouveau défi, je dois bouger. »
Jean-René vit, par à-coups et comme chacun de nous, un sentiment d’imposture: doit-il sa réussite à son environnement ? Ou au hasard ? Y est-il vraiment pour quelque chose ? Titulaire d’un DUT, il passe à 36 ans un master à l’ESSEC. Et très vite, une vérité s’impose : Jean-René est doué d’une capacité à comprendre un contexte dans toutes ses composantes et le relationnel qui s’établit entre elles. Cela s’appelle l’intelligence situationnelle. Jean-René comprend rapidement les besoins d’un marché et les processus de vente à lui associer. Et surtout il aime ça ! Le problème ? Quand on a un talent, il faut le nourrir en lui apportant de la nouveauté. Jean-René a besoin d’un nouveau terrain pour exercer son talent. Tant qu’à faire, prenons l’Asie ! Ce sera Singapour. Encore par instinct.

 

La force d’inertie face au changement : changer sans trahir

« Il a fallu accompagner un changement complexe au sein de ma société. J’étais persuadé qu’on avait tous à y gagner. Après il a fallu traduire cette conviction dans les faits. »
Avec son départ à 12 000 bornes, Jean-René donne le sentiment de laisser tomber tout le monde en Corse où l’activité de chacun est corrélée à celle des autres. Il a créé avec son réseau proche une chaine de valeur qui va du producteur aux distributeurs dans le marché immobilier. Que va devenir ce réseau qu’il anime et qui tire sa valeur de la synergie et la confiance entre des hommes et des femmes qui se connaissent depuis toujours ? La fidélité est une valeur phare pour lui, et là, on ne le reconnaît plus ! Pour tous, l’expatriation de Jean-René, c’est un peu comme le battement d’aile d’un papillon au sein de cet écosystème.

Rendre l’international accessible à des gens ordinaires

« Ce qui m’anime, c’est d’aider des gens normaux à vivre des choses extraordinaires »
Jean-René est un homme ordinaire. J’ai toujours été frappée par son humilité. C’est une qualité précieuse pour comprendre un nouvel environnement : arriver dans un pays étranger sans certitude, écouter les locaux, comprendre les processus sans jugement, sans à-priori. C’est un homme normal qui s’autorise à dépasser ses limites. Son moteur, c’est d’inviter les autres à le rejoindre. Avec Joëlle, son épouse, il a créé « Isula Flavours of Corsica », une société d’import-export de produits corses qui puise sa réussite dans une écoute de qualité tant auprès des distributeurs à Singapour que des petits producteurs corses ! Je suis fascinée par sa capacité à passer de la culture corse à la culture singapourienne, toutes deux axées sur le relationnel et une confiance qui se construit sur le long terme. Il a littéralement glissé de l’une à l’autre ! Sa motivation est toujours de créer du lien, et grandir ensemble. Ce qui compte, ce sont les gens, avant tout. « Derrière un produit, il y a un producteur avec son histoire. Derrière le producteur, il y a un territoire avec son histoire. C’est tout cela qui fait un produit de qualité ». Son bonheur est d’avoir permis à des produits de petits producteurs des villages corses d’être accrédité sur le marché de Singapour : « C’est une aventure que nous vivons ensemble, avec une émotion partagée. Les producteurs viennent ici eux-mêmes au contact des gens locaux pour leur faire goûter leurs produits. ». Jean-René est un réducteur de distance entre les gens, entre les pays.

Écouter et observer pour créer de la valeur

« Je me laisse aller à ce qui m’intéresse : je sais que je vais chercher quelque chose à l’étranger mais je ne sais pas quoi »
Sa curiosité le conduit aux Philippines, en Malaisie, dans les Salons professionnels pour échanger avec les gens. Il s’intéresse à leurs processus, à leurs leviers de développement, à tout ce qui est nouveau et surprenant. Il aime adapter les processus d’un pays à l’autre. Il fourmille de nouvelles idées. Il appartient à cette nouvelle race de « business Routards ». Ah ! Elle est bien loin l’« expatriation à la papa » dont je suis issue ! Il est toujours frustré de ne pouvoir continuer à vivre tous les projets qu’il a lancés en Corse avec ses amis ; en même temps il y a tant à découvrir auprès des gens partout en Asie. Il faudrait que tout le monde soit au même endroit, ce serait plus pratique.
Mais on est tous au même endroit Jean-René, et ça s’appelle le monde. On est assez nombreux, alors forcément, c’est grand…

Stéphanie Talleux

 
Clarisse Talleux