Alexandra Nesterenko : « Let’s rock France around the world ! »

 
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Le Service Public, levier de réussite des Français expatriés : aberration ou révélation ? Entre les Français de l’étranger et leur identité française, c’est plutôt  Je t’aime, moi non plus … En décalage à 180 ° avec nos idées reçues, Alexandra Nesterenko a une conviction : notre citoyenneté française est un levier de réussite à l’étranger. A Berlin, Alexandra construit un projet de partage des facteurs clés de succès entre les Faiseurs Français de l’étranger. Elle est convaincue que les Institutions Publiques, levier d’égalité et d’accès aux services pour tous, y ont leur place.

Un décalage culturel avec le service public

« Je suis incompatible avec les petits jeux de pouvoir »
Alexandra est-elle compatible avec la culture du Service Public ? A priori, non. Mille fois non ! Elle a une ancre de carrière entreprenariale, la culture du Make It Happen. Sa première partie de carrière dans l’administration française était-elle une erreur d’aiguillage, son départ pour suivre son conjoint en Allemagne une solution pour fuir un environnement où elle s’épuise ? « Je suis allergique aux réunions stériles, aux coûts injustifiés qui se répercutent en impôts. Mais je sais que le Service Public est aussi un outil puissant de cohésion entre les Français ».

Dépasser le regard des autres pour devenir soi

« Changer d’image est difficile. Pour tout le monde, je suis étiquetée fonctionnaire. Pourtant, renoncer à ce que j’ai fait avant n’a pas de sens pour moi »
A Berlin, Alexandra sort du moule pour incarner son projet professionnel. C’est un vertige. Mais aussi une évidence qui éclate en plein jour : il y a un parfait alignement des étoiles entre son parcours, son identité professionnelle et l’utilité de son projet pour le monde de l’expatriation. Elle a un pied dans le Service Public et un pied dans la mobilité internationale ! Alexandra incarne ce pont qui fait tant défaut entre les Institutions Publiques et les Français expatriés. Une carence qui remplit le web de milliers de posts de Français aspirant à de la fluidité pour s’épanouir en et hors de France.

Comment réussir à l’étranger ?

« Vivre à l’étranger, c’était une envie. Mais comment réussir avec un profil et un parcours français illisibles ici en Allemagne ? Le réseau français fonctionne de manière virale pour trouver le bon médecin ou dénicher du Roquefort. Mais pas encore pour transmettre les facteurs clés de succès d’un Français à l’étranger… »
Au début de son expatriation, Alexandra se raccroche à son identité « Service Public » ; mais cette identité se révèle vite un piège. Alexandra cherche aveuglément un modèle de réussite qui lui ressemble pour assurer la transition entre la France et l’Allemagne: des conseils, des parcours inspirants, des codes pour décrypter son pays d’accueil, pour parler de son profil dans ce pays. Berlin pullule de Français mais rien n’est organisé pour partager un savoir-s’expatrier ! Alexandra est débordée par l’adaptation au quotidien; mais elle se trouve devant un vide abyssal pour comprendre comment s’intégrer professionnellement. « On a un vrai problème de partage d’informations, on ne fonctionne pas en diaspora » constate-t-elle.

Puiser sa réussite dans le réel 

« Nous avons un problème de continuité dans la mobilité internationale en France : partir à l’étranger est perçu comme une rupture »
Alexandra est poreuse au réel, elle en tire sa force. Elle pose un regard cash sur les faiblesses de l’expatriation à la française. Elle a comparé la France avec les pays dotés de cette précieuse culture de la diaspora qui multiplie les ponts avec le reste du monde. La mobilité ne fait traditionnellement pas partie de l’identité culturelle française. Cela se traduit de manière protéiforme : les difficultés administratives mais aussi le choc culturel au retour en France, la stigmatisation des expatriés, le rejet de la France par de nombreux expatriés, l’image binaire et radicale de l’expatriation qui passe du cauchemar au rêve...

S’appuyer sur sa zone d’excellence

 « J’ai une fascination pour la confrontation entre le réel et le virtuel. Mon truc, c’est de résoudre les casse-tête. » 
Alexandra est en mode projet de A à Z. Elle est adverse au rêve. Le rêve, elle le traduit en plan stratégique. Sa carrière est jalonnée de projets de modernisation dans le Service Public... Elle aime construire des projets à partir de rien. Tout chez elle participe de cette dynamique : son ton direct, sa transparence, sa capacité à maitriser un dossier sur le bout des doigts. Ca a souvent fasciné, ça a aussi fait peur. 
Elle dérange, Alexandra. Pour mieux arranger ensuite :« J’observe, je discute et j’entrevoie comment faire autrement, faire plus simplement. Mon moteur, c’est de créer des ponts entre des univers, des personnes que tout semble séparer à priori. »

Donner aux expatriés français un outil de liberté et de synergie 

« Il faut donner aux Français de l’étranger le moyen d’être visibles et mobiles, il faut aussi s'appuyer sur eux pour créer des ponts entre La France et le reste du monde. Concrètement, il s'agirait d'une sorte de Who’s Where français ultra réactif »
Le monde de l’expatriation hurle depuis des années sur tous les réseaux sociaux les besoins auxquels Alexandra apporte une solution concrète et évolutive : jusqu’à présent, les français ne trouvaient aucune structure pour leur faciliter la vie au cours de leur mobilité. Toutes ces questions pour lesquelles les expatriés sous contrat ont un service dédié au siège de leur entreprise ! « Aujourd’hui, les gens partent seuls pour trouver du travail, ou monter leur business. ». Alexandra maitrise les rouages et le langage des Institutions Publiques. Elle est aussi parfaitement en phase avec la culture et les besoins de la génération Y : « Nous ne sommes pas des expatriés, nous sommes des travailleurs internationaux, parfois des immigrés. Mais nous ne sommes ni des apatrides, ni des exilés ».
La conviction d’Alexandra est que les Institutions Publiques ont un rôle à jouer dans la réussite de notre mobilité internationale. Parce qu’elles garantissent la gratuité et l’égalité du service pour tous. Ça paraît tellement dingue pour nous qui avons fui le « système français » qu’on n’y avait pas pensé ! Alexandra l’a fui aussi… elle est donc bien placée pour réconcilier l’inconciliable …
La révolution internet et la génération Y balaient « l’expatriation à la papa » de mes 20 ans !

Stéphanie Talleux

 
Clarisse Talleux