Comment reprendre sa carrière après des années d’inactivité?

 
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Le départ en expatriation expose à un risque élevé de rupture de carrière. Si cela touchait jusqu’alors les femmes, l’égalité progresse… Les transitions professionnelles d’un pays à l’autre mais aussi les carrières duales conduisent nombre d’entre vous à vous mettre en retrait de la vie professionnelle. Parfois la situation s’éternise. Comment reprendre sa carrière ?

  Autorisez-vous à reprendre

« J’ai sacrifié ma carrière pour suivre mon   mari. A un moment j’ai eu envie de reprendre.   Mais comment être crédible après 7 ans en dehors du marché ? »
Le premier frein à votre reprise, c’est vous. Nous sommes envahis par l’idée qu’une carrière ne peut être que linéaire. Je reçois dans mon cabinet des personnes qui n’imaginent pas même une rupture de 6 mois ; je reçois même des parents ne pouvant concevoir que leur enfant, élève en maternelle, manque 4 mois d’école pour gérer un déménagement dans l’hémisphère sud… Cette vision est particulièrement contraignante en France. Nous avons été élevés dans l’idée que notre réussite est intimement liée au conformisme, à la banalisation de notre parcours. Etonnant, non ?

Appuyez-vous directement sur votre réseau secondaire
« Le plus difficile a été le regard de mes proches. Un regard bienveillant, soucieux de m’épargner la déception d’un échec probable. »
Voilà 10 ans que vous ne travaillez plus. Et tout le système qui vous entoure s’est adapté à cette situation. Vous vous êtes mis au service de tous. Pour vous recentrer sur votre projet professionnel, il faut d’abord faire du vide dans votre emploi du temps. Un vide qui n’est pas compensé tout de suite par un salaire. Deuxième difficulté : vous avez perdu votre identité professionnelle auprès de votre cercle direct. L’astuce à adopter : commencez par réseauter auprès de nouveaux contacts. Votre réseau direct, lui, mettra pas mal de temps à intégrer votre nouvelle image professionnelle.

Faites le point sur votre nouvelle identité professionnelle

« Ce qui m’a beaucoup aidé, c’est de savoir comment me présenter. Quand on me demandait ce que je fais, j’avais tendance à sur-communiquer sur mes années de rupture. Comme pour me justifier. »

4 zones constituent votre identité professionnelle : la 1ère zone est la reconnaissance interne, c’est-à-dire la confiance et la vision que vous avez de vous-même sur vos compétences et vos capacités. Les années vécues à l’étranger ont profondément modifié la personne que vous êtes, mais aussi le professionnel que vous êtes. Faire le point sur vos compétences acquises de votre expérience internationale et transférables à l’entreprise est une étape indispensable pour vous rassurer sur votre légitimité professionnelle.

La deuxième zone est la représentation externe. C’est ce qui constitue votre statut professionnel : vos diplômes, vos cartes de visite, vos locaux professionnels, votre profil LinkedIn, etc. Il vous faut identifier tous les éléments sur lesquels vous pouvez vous appuyer et apprendre à vous passer des autres ! Vivre à l’étranger permet un regard décalé : j’ai appris à Hong-Kong à me sentir légitime sans locaux professionnels. Le prix du mètre carré était si élevé que le salon Dessange lui-même devait se contenter d’un local au 5èmeétage ! Nous travaillions tous sur un mode mi-nomade à travers la ville, mi-virtuel à travers le monde.

La 3ème zone est la reconnaissance externe de votre environnement. C’est-à-dire la légitimité professionnelle que vous octroie votre réseau. C’est celle-ci qui est longue à obtenir de la part de votre entourage direct.

La 4ème zone, enfin, se définit par vos référents internes : vos valeurs, vos convictions personnelles, vos rôles modèles. C’est un puissant vecteur de conviction auprès de votre réseau. Pour convaincre de votre légitimité, il vous faut séduire, donner envie. Imposer l’idée que vous êtes la personne clé pour la fonction.

Visez haut !

« Pôle Emploi m’envoyait des propositions de postes au bas de l’échelle, payé au SMIC. Je me sentais toujours sur-dimensionné. D’ailleurs, ça n’a jamais marché. »
« Commencer petit » est une erreur courante : opter pour un mi-temps, se contenter du SMIC, recommencer en bas de l’échelle, etc. La perte de confiance en soi conduit presque systématiquement à cette dissonance entre votre identité professionnelle réelle et votre identité professionnelle imaginée. C’est votre leadership qui est en cause. Et cela se travaille en accompagnement personnalisé auprès d’un consultant en outplacement. Cela peut paraître bizarre mais c’est en intégrant votre dimension internationale que vous réussirez, en visant un projet à forts enjeux, en étant ambitieux. Avec une communication et une démarche réseau parfaitement verrouillées.

Reprendre après 10 ans de rupture, c’est possible, et je suis bien placée pour le savoir…

Stéphanie Talleux

 
Clarisse Talleux